rosanna halloran ϟ just tonight i will stay and we'll throw it all away

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Les femmes ne font le choix de tomber enceinte, en tout cas généralement. Cela arrive comme ça sans prévenir. Les parents sont heureux de cette nouvelle, et encore une fois c'est général il y a toujours des cas particuliers. Accueillir un nouvel être dans une famille, c'est toujours un grand évènement. Alors accueillir deux enfants cela doit être un plus grand évènement. Mes parents ne pensaient pas avoir des jumelles. Même aux échographies, le gynécologue ne voyait qu’un bébé. Donc à l’accouchement s’apercevoir qu’il y avait en réalité deux bébés était une véritable surprise. Deux bébés, le jour de la saint-valentin. On était le cadeau de nos parents. On, c’est Lucrezia et moi. On ne se ressemble peut-être pas physiquement, mais oui nous sommes jumelles, des fausses jumelles plus précisément et c’est pour ça qu’on ne se ressemble pas. On a toujours été très proche, on était, enfin est puisque c’est toujours le cas, inséparable. Fusionnel, voilà ce qu’on est. Nous séparer, c’est quelque chose d’impossible. Nos parents ont essayé de nous mettre dans des classes différentes. Autant dire que qu’ils n’ont pas réussit. Avant, c’était Lucrezia qui veillait sur moi. C’est peut-être difficile à le croire, mais lorsque nous étions petites, c’était la plus grande et qui me protégeait. Moi, j’étais la petite sœur fragile, qui ne disait rien. Lucrezia avait beaucoup plus de caractère que moi, encore aujourd’hui d’ailleurs. Et un jour tout à changé. Le jour de nos treize ans. On faisait les boutiques avec notre meilleure amie, c’était une sorte de tradition pour notre anniversaire. Et je ne sais pas trop comment ça s’est passé, mais il y a eut un accident. J’ai entendu ma sœur crier. Je suis toute suite sortie du magasin où j’étais. J’ai vu le corps de notre meilleure amie sur le sol. La voiture repartir comme s’il ne s’était rien passé, laissant le corps d’une enfant de treize ans sans vie. Peut-être que le conducteur pensait qu’elle s’en sortirait. Ce ne fut pas le cas. Sandy est morte sur le coup. De nous deux, Lucrezia fut la plus traumatisé. Mes parents l’ont même interné dans un hôpital psychiatrique. J’ai mal vécu cette séparation. C’était la première fois qu’on m’éloignait aussi longtemps de ma jumelle. Je n’allais pas bien. Je me réfugiais dans les livres, je ne voulais parler à personne. Je ne voulais que ma jumelle et personne d’autre. Elle était peut-être loin de moi, mais j’avais l’impression que je ressentais tout ce qu’elle pouvait ressentir. Je n’étais heureuse que lorsque je lui rendais visite. Et le moment du départ était toujours difficile. Quelques fois les médecins nous laissait passer la nuit ensemble, mais le lendemain je devais absolument partir. Le jour où mes parents m’ont annoncé que ma sœur était de retour pour de bon à la maison est sans doute le plus beau jour de ma vie. J’allais enfin retrouver ma moitié, mais lorsqu’elle était rentrée à la maison j’ai bien vu qu’elle n’était plus la même. Ce n’était plus vraiment la Lucrezia que je connaissais. En même temps, après tout ce qu’elle a vécut, elle ne pouvait pas être la même, mais malgré cela on reste toujours aussi proche.


Las Vegas. La ville des pêchés. Je pensais que c'était une sorte de légendes urbaines. Que ce surnom était exagéré. Je m'étais trompée. Tout ce qui se passe à Vegas, reste à Vegas. Et maintenant je comprends pourquoi. C'était il y a quelques mois, pour notre anniversaire, nos parents nous avaient offert à ma soeur et à moi, ce voyage. C'était l'un des plus beaux cadeaux qu'on avait pu avoir de la part de nos parents. On rêvait de faire ce voyage depuis longtemps. Ma soeur pour faire la fête bien évidemment et moi, je ne sais pas pourquoi je voulais y aller. Ma soeur rêvait d'y aller, donc moi aussi je rêvais d'y aller. C'est sans doute un truc de jumelle. Quand l'une veut ou rêve de quelques choses, l'autre le veut aussi. Enfin bref, ce que je ne savais pas c'est que ce voyage allait changer ma vie. Et là, je n'exagère pas. Ma soeur me forçait à sortir de notre chambre d'hôtel, qu'on fasse la fête. Je n'étais pas trop pour. J'avais cette étrange impression que si je la suivais, il allait arriver quelques choses, ça n'a pas raté. Et puis un soir, j'ai craqué. Je l'ai suivi. Au début c'était sympa. On va dire que ce que je me souviens était sympa. Oui, parce que je ne me souviens que de la première moitié de la soirée. Après tout deviens flou. Très flou, même. J'ai repris conscience le lendemain matin enfin le matin je dirais même début d'après-midi, dans une chambre d'hôtel, qui n'était pas la mienne bien évidemment. On m'a peut-être raccompagné dans une chambre, c'est ce que j'ai d'abord pensé. Mais bon si on ne m'avait seulement raccompagné dans une chambre, alors pourquoi je me suis réveillée avec aucun vêtement sur moi. Je ne préfère même pas essayer de me souvenir de ce qui avait dû se passer, même si bien évidemment j'ai une petite -voir grande- idée. Je ne m'étais pas reconnus. Ce n'était pas mon genre de faire ça. C'était à cause de Lucrezia tout ça. C'est elle qui m'a emmené faire la fête. Si je ne l'avais pas suivi, je ne me serais pas trouvé dans un lieu totalement inconnus. Je me souviens qu'en me réveillant, j'avais terriblement faim et que je portais à l'un de mes doigts une bague en bonbons. Je l'ai bien évidemment mangé avant de me rhabiller en vitesse. Et par chance, la femme de ménage était rentrée lorsque je venais à peine de finir de me rhabiller. Enfin ce que j'ai retenu de cette femme de ménage, ce n'est pas son visage, mais sa voix. Oui, sa voix. Surtout quand elle a dit et je la cite : « Oh bonjour Madame Halloran, comment allez-vous ? » Sur le coup, je n'ai pas compris, je lui avais dit que j'allais bien avant de partir en vitesse. Puis en plein milieu de la rue, je m'étais arrêtée. Elle m'avait appelé Madame Halloran. Pas mademoiselle Giacomouzzi, mais Madame Halloran. Et je suis vite retournée à l'hôtel pour demander une explication. Apparemment, ils ont l'habitude de voir des gens bourrés se marier par erreur dans cet hôtel puisqu'ils m'ont dit ce qui s'était passé, ou du moins ce qu'ils savaient. Oui, je me suis mariée et la bague que j'ai mangée en me réveillant était mon alliance. Ma soeur a bien ri lorsque je lui ai raconté mon histoire. Pas moi.


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