Un. J'ai toujours eu une vie plutôt normale à Londres, au détail près que mes parents se trompaient l'un l'autre et qu'aucun des deux n'a jamais eu l'intelligence de remarquer quoi que ce soit. En fait, ils s'en foutaient un peu je crois... la preuve, quand j'ai atteins l'âge d'avoir des poils, j'ai même commencé à sortir le soir tranquillement avec mes potes. Heureusement pour moi que j'étais bon en classe malgré mon mode de vie.
Deux. Au début de l'an passé, ma mère m'a fait du chantage pour me payer des études à l'UCLA, soit l'une des universités où j'ai toujours voulu étudier. Oh, c'était un deal tout con hein, elle avait enfin remarqué que son mec avait une maîtresse et voulait s'assurer que ses intuitions étaient correctes. Alors ouais, j'ai tout déballé, j'ai même donné des détails sur cette fille que je connaissais un peu de vue, et ça j'aurais pas du le faire...
Trois. À la suite de ces révélations, ma mère a complètement pété un câble et s'est disputée très violemment avec mon père qui a finit par vouloir quitter la maison. Pour ma part, j'étais dehors cette nuit-là, comme d'hab... et j'ai assisté à l'une des scènes les plus choquantes de toute ma jeunesse. J'étais en train de rentrer chez moi lorsque j'ai vu mon paternel sortir avec une valise. Sur le coup, mes jambes se sont arrêtées d'elles-mêmes, et je l'ai observé traverser la rue dans ma direction... rue qu'il n'aura jamais réussi à franchir en raison d'un chauffard qui l'a fauché sur sa route. Ça s'est passé tellement vite tout ça... et je me rappelle m'être précipité vers l'homme avant de lâcher un hurlement lorsque j'ai compris qu'il était mort sur le coup. Un dernier hurlement avant des mois de silence complet... cet événement m'a carrément rendu muet, et avec ça, ma vie sociale a dégringolé.
Quatre. Les changements dans mes habitudes se sont fait très brutalement, parce que je ne communiquais plus. Ma mère s'est quand à elle mal remise d'avoir "tué" son mari, et sincèrement, je ne suis pas prêt de lui pardonner sa stupidité, et pas juste parce que j'ai perdu mon père, mais surtout parce qu'elle ne valait pas mieux que lui sur le coup, avec son amant. J'ai commencé à la détester, à m'isoler... mon ordinateur est devenu un bon ami, et alors que ma tendance à me déchirer la gueule tous les soirs s'en allait, j'ai enfilé mes lunettes pour me plonger dans mes bouquins. C'était le seul réconfort qui me restait... parce qu'au niveau de l'affection humaine que je recevais, on était retombés sous la barre du 0. Ouais, c'était pas cool comme période... et ce jusqu'à ce que ma mère décide de s'occuper de son fils en lui payant son semestre à Los Angeles.
Cinq. L'UCLA. C'était sympa, même si je suis pas resté très longtemps pour des raisons que je vais vous expliquer plus bas. J'ai à peine commencé à faire la connaissance de quelques personnes dans l'université, à me resociabiliser par quasi obligation puis-ce que j'avais besoin de repères en tant que nouveau avant de me faire à nouveau ballotter ailleurs. Mais je n'avais pas envie de partir contrairement à la fois où je me suis envolé de Londres pour la Californie. Je voulais juste rester là, me soigner dans ma tête, avoir l'esprit apaisé... mon dernier souvenir est cette soirée passée chez Abel durant laquelle il a fait une crise de "sommeil". Ça me fait chier, il doit avoir pensé que j'ai fui puis-ce qu'on s'est pas reparlé après qu'il se soit réveillé. Je garde encore des images désagréables de son malaise...
Six. Blague du siècle. On m'appelait en Allemagne pour aller m'occuper de ma grand-mère. Elle était mourante... et clairement, le restant de ses jours se comptait en semaines. Ma famille n'a jamais été très soudée, ni très nombreuse, si bien que je me retrouvais être le meilleur réconfort pour cette vieille femme et c'est pour cela qu'on m'a demandé cette faveur. Oh oui, je l'aimais, elle m'avait donné plus d'affection et d'éducation que mes parents réunis, et je ne l'oublierais jamais. Au final, elle aura été la deuxième à mourir devant mes yeux, mais petit à petit, plus paisiblement, en ayant le temps de me dire ce qu'elle voulait avant de s'endormir pour de bon. Hm... quand c'est arrivé, je me suis senti mieux, j'ai même recommencé un peu à parler, j'étais au calme et... devinez quoi? Eh bien tout l'héritage de mamie m'a été versé à moi et à personne d'autre. Ma... propre mère m'a jalousé, et quand j'ai senti ça, les choses ont mal tourné. Ce fut le début d'une guerre qui ne va peut-être jamais s'arrêter.
Sept. Je la déteste. Je la déteste tellement, elle et sa superficialité. Mais nous avons le même sang, les mêmes yeux, le même visage. Je ne supporte pas ça, et mieux; je n'ai donc plus personne dans mon entourage qui m'aime. Mes racines ont disparu à présent, je suis juste "Cameron"... mais assez pleuré tout ce temps, maintenant ça suffit, je suis plus un ado mais un adulte, et j'ai pas envie de me faire pitié à moi-même. J'ai testé la dépression et c'est pas top, alors maintenant... je vais juste bouffer les gens qui me menacent.
Huit. Après avoir vendu la maison de ma grand-mère près de Hambourg, je suis retourné à Londres pour récupérer toutes mes affaires et louer un appart à Los Angeles. Mon sourire n'existe plus vraiment, je me trouve même affreusement glauque avec cet air sévère naturel qui se dessine sur mon visage, mais c'est pas grave.
Neuf. Il y a deux semaines, j'ai emménagé en ville et tout va bien maintenant que j'ai renié ma mère. Hm... reste que je me sens un peu seul, et c'est pas les nanas récupérées dans les boîtes de nuit qui me permettent de combler un besoin affectif toujours présent. C'est pas une pute que je veux, c'est quelqu'un qui sera là pour m'écouter, m'aider à avancer, quelqu'un que je pourrais prendre dans mes bras n'importe quand. Avec les cours par correspondance, je n'ai pas pris trop de retard sur mon programme scolaire, j'ai donc des chances de trouver ce que je recherche en reprenant la vie ennuyeuse d'universitaire. Yay.
Sous la pluie qui commence à tomber
Je tremble sans parapluie
Parce que savoir que j'étais seul me faisait peur