Lula && Kayo {Rencontre en quelques accords}

Ce samedi, fin d'après-midi, la journée avait été ensoleillée et j'avais travaillé toute la journée à la caserne. Je n'étais pas vraiment fatigué à n'en plus pouvoir tenir debout, mais disons qu'elle s'était accumulé et que j'avais un besoin énorme de me détendre, de me changer les idées. Une fois ma douche pris, une fois une tenue simple revêtue aux tons clairs, je prenais ma guitare et m'installais dans la voiture. Je démarrais tranquillement et pris la route pour me rendre au lieu habituel, le soleil couchant au loin. Ucla était immense et à cette heure si les entraînements étaient d'ordinaire terminés donc je pourrais m'y réfugier à nouveau. Pourquoi le terrain d'entraînement? Parce que quand je m'installais tranquillement sur ces bancs, je réunissais pleins de choses que j'aimais.. Tout d'abord le terrain de sport, le sport étant une immense partie de ma vie, et puis après le silence, me retrouver à l'abri des regards, ne jouant que pour jouer pas pour plaire à qui que ce soit. Aucune pression, que de la détente et du plaisir.

Mais cette fois-ci ce fut différent, lorsque je sortais de la voiture, le parking n'était pas désert. Le terrain avait encore ses lumières d'allumées, j'entendais des bruits sourds, des cris, des coups de sifflets. J'allais voir, peut-être qu'un entraînement se terminait, je n'aurais qu'à m'asseoir et regarder un peu de sport. Je portais ma guitare en bandoulière, et montais les gradins les mains dissimulées dans les poches. Mon regard se posait sur les footballeuse tandis que je m'installais au milieu des gradins, pas trop haut mais pas non plus au raz du terrain. Je posais la guitare à côté de moi, faisant en sorte qu'elle reste de bout et regardais le ballon allant de joueuses en joueuses. Elles n'étaient pas mauvaises, et l'une d'elle mit même une belle frappe. Je connaissais un peu, j'avais pas mal pratiqué de sports à Hawaï et le soccer en faisait partie. Je regardais tous ces cheveux virevolter, le ballon partir à plus ou moins grand vitesse en direction des buts. Je m'étais installé ici sans bouger, sans dire un seul mot pris par le jeu et restais ainsi jusqu'à la fin de l'entraînement.

Ce fut qu'une fois le terrain désert, les lumières allant bientôt s'éteindre que je sortais la guitare acoustique et que je commençais enfin à faire de la musique, grattant quelques accords pour m'échauffer les doigts. Je parcourais plusieurs registres, puis un coup de vent balaya mon petit chapelet rouge-bordeaux pour que je pense à une musique, à ma mère. Une grande femme qui m'avait élevée seule, avec peu de moyens et qui pourtant avait fait de moi l'homme que je suis, quelqu'un de bien. Mais cette femme, cette maman que j'avais eus et connu tout le long de ma jeunesse s'en était allée. Je baissais mon regard de l'horizon laissant le chapelet à vue, et grattais une mélodie que beaucoup de gens avaient entendus. Chaque notes se répercutaient dans l'immense silence du terrain, puis ma voix se joignit à la mélodie...

I've heard there was a secret chord... That David played and it pleased the Lord... But you don't really care for music, do you? [...] It's a cold and it's a broken hallelujah... Hallelujah, Hallelujah... Hallelujah, Hallelujah...

Mes yeux étaient humides et brillant, les lumières du terrain encore allumées se reflétaient dans mon regard, j'avais refais surgir plein de souvenirs.. La nostalgie m'envahissait, et je sentais désormais une présence, me retournant vivement pour voir qui m'observait...


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Ma tête pivotait sur mes épaules pour pouvoir enfin apercevoir quelle était cette sensation de présence, une sensation bien fondée. Mes yeux se posèrent sur elle, un coup d’œil rapide juste pour tenter de voir si je la connaissais, si elle me disait quoi que ce soit. La seule chose que je pouvais dire sur elle, c'est qu'elle était une joueuse de l'équipe dont j'avais scruté l'entraînement quelques minutes auparavant. Avec plus d'intensité, je plongeais mon regard dans le sien. Je tentais de l'analyser à l'aide d'un regard, ce n'était pas facile de cerner une personne en observant que son regard. Elle était assise et paraissait gênée que je l'ai remarqué en train de m'écouter, mais c'était surprenant car en temps normal l'inverse aurait été le plus logique. Elle se relevait et s'excusait, je ne prononçais tout d'abord pas un seul mot, puis une fois qu'elle fut debout et prête à s'en allais, des mots sortirent sans même que mes yeux se posent sur elle.

Tu peux rester ne t'inquiètes pas ... Tu peux même te rapprocher ...

J'avais déjà réalisé quelques accords puis entamais une chanson célèbre alors qu'elle se rapprochait. Une chanson récente de la chanteuse Adèle , intitulée "someone like you", elle devait sans doute connaître l'air et je commençais à chanter avec justesse et précision fermant les yeux pour être bien plus concentré et ressentir tout l'énergie de la musique qui émanait de ma gorge, et de tous les pores de ma peau. Je continuais ainsi jusqu'aux trois quarts de la chanson, une chanson formidable et je sentais encore cette présence derrière moi et cette fois-ci beaucoup plus proche. Je plaquais ma main sur les cordes et stoppais la musique ainsi que le chant, je regardais la jolie demoiselle et d'un signe de tête lui demandais d'approcher.

Dis moi une musique que tu connais, on va tenter de la chanter à deux si je la connais...

Lui avais-je dis avec un petit sourire. J'avais eus un brusque changement, je ne voulais plus être seul mais profiter d'une compagnie comme la sienne. Elle paraissait calme, timide et discrète, peut-être que je me trompais mais je ne pensais pas me gourer. Je patientais pendant qu'elle approchait et plaçais le médiator entre mes doigts, regardant l'heure sur ma montre et l'horizon par la suite. Je reprenais le médiator et me mis en position, prêt à jouer n'importe quelle mélodie.

J'attendais son approche, sentant son pas venir à moi au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient. Elle avait du mal à se décider apparemment, ce n'était pas grave si elle me répondait négativement. J'étais là pour faire de la musique, apprécier chaque notes, chaque mélodies qui pouvaient sortir de la combinaison de mes doigts, du médiator et de la guitare. Elle disait non, mais je sentais qu'elle viendrait, c'était une chose inexplicable. On était que tous les deux, elle était venue ici pour écouter de la musique, personne ne se moquerait et surtout pas moi. Elle était libre ici, elle pouvait faire ce dont elle avait envie, et si chanter est une belle chose, la chanson permettait de se libérer de dire des choses qu'on arrive pas à poser avec nos propres mots. Puis après quelques longues secondes, d'hésitation je présumais, elle s'approchait de moi bien qu'elle ne disait ne pas être désireuse de chanter. Puis un titre de musique rompit le silence, je tournai ma tête vers elle, un sourire en coin accompagné de beaucoup de charme, elle devait se détendre tout irait bien. Si ça sortait de ses tripes, la musique et le chant n'en serait que plus jolie !

California King Bed hein? Excellent choix!

Je fermais les yeux, puis commençais à chanter la mélodie dans ma tête me redressant de ma position assise, je n'avais jamais apprise les notes de la musique. Je réfléchissais, tentant de me remémorer la mélodie. Elle venait en tête, ça y est, je m'en souvenais. Je laissais échapper de ma bouche, les yeux toujours clos, une petite mélodie chantonnée, rien de clair, aucun mot, juste une mélodie. J'accordais la guitare sur les quelques notes qui sortaient de ma bouche, une mélodie se créait, tout s'assemblait, je me sentais bien là. En plus de la mélodie les paroles vinrent petit à petit, je tentais de me souvenir de toutes les paroles mais c'était difficile, je cherchais et remuais tout dans mon esprit. Cette chanson parlait d'un amour, un couple toujours très proche, très soudé puis la distance vint jouer dans cet amour difficile à vivre. La femme restée en Californie, pense encore et toujours à cet amour.

Chest to chest, Nose to Nose, Palm to Palm, We were always just that close!

Soudain la mélodie se rompait, je coupais tout, prenant la guitare à une main... Je rouvrais les yeux et plongeais mon regard dans celui de la jeune femme habillée de manière très légère. Puis je finissais par lui prononcer quelques mots d'encouragement, et un peu de manipulation discrète.

J'ai retrouvé les paroles et la mélodie.. Tu sais, la chanson ça aide à se défouler. C'est pour ça que je viens là tous les soirs. Ça permet de laisser tomber nos masques, de relâcher tout ce qu'on retient depuis tant de temps et parfois ça nous fait passer de superbes moments... Ferme les yeux et suis ma voix, suis la mélodie !

Je reprenais en main la guitare, puis refermais les yeux, j’espérais qu'elle ferait de même car ma voix était plutôt grave et descendre dans les aigus m'était possible mais ce n'était pas ce qu'il y avait de plus simple et agréable à faire. Je recommençais de jouer cette mélodie entraînante. Mon pied tapait au sol le rythme, mon corps déambulait au son de la musique, ma tête se penchait et ma bouche s'ouvrait pour faire sortir les quelques paroles que j'avais répété. Ma voix était douce et entraînante, je liais ma voix à la mélodie tombant légèrement dans les aigus pour les notes longues. La musique m'entraînait, j'oubliais tout le reste, j'arrivais au premier refrain, le couplet étant finis, je laissais ma voix exprimer toutes les choses qui se reflétaient à travers cette musique. J'ouvrais les yeux tout en continuant la mélodie rythmée, et n'arrêtais en aucun cas de chanter. Elle avait fermé les yeux elle aussi, c'était bon signe, je n'avais plus qu'à attendre qu'elle laisse sa voix s'exprimer.