Héléna & Cayden - I don't care about you !

Héléna & Cayden

"La dispute est d'un grand secours. Sans elle, on dormirait toujours."
[La Fontaine]



Il y en a qui considère la psychologie comme une matière sérieuse et importante qui permet de cerner des faits et des comportements par une étude scientifique, et d’autres qui considèrent ça comme une corvée qu’on leur a collé pour combler des heures vides et comme une perte de temps totale. Cayden fait partie de la seconde catégorie. Il ne comprend absolument pas pourquoi on lui a collé une telle manière dans son cursus étant donné que ça n’a pas grand-chose à voir avoir ce qu’il étudie si ce n’est d’apprendre à appliquer l'investigation du psychisme dans le champ d’étude de la politique. Le problème, c’est qu’au lieu d’apprendre justement le rapport entre psycho et politique, on lui enseigne la psycho dans son intégralité ce qui a tendance à la gonfler grave d’autant qu’il a tendance à lâcher assez vite. De manière générale, il trouve ça intéressant mais le problème, c’est que ça part tellement loin qu’il décroche et finit par faire autre chose plutôt que suivre un peu comme le ferait un gamin au lycée. Ne pas suivre, ne pose pas tant de problèmes vu qu’au moment des partiels, il lui suffit de bûcher sur un bouquin pour pas trop mal s’en sortir, non, le problème se pose au niveau des projets de groupe. Ils sont par groupes de trois, étudient une œuvre qui leur a été imposée et doivent en rendre divers dossier portant chacun sur un thème différent traité dans le livre. Jusque là, ça a l’air plutôt simple seulement voilà, c’était sans compter sur Héléna, la blonde un milliard de fois trop exigeante qui leur impose ses propres directives et qui leur donne des délais de merde. Cette fille est juste insupportable. Jamais il n’aurait dû lui passer son numéro car depuis, elle ne lui écrit que pour aller bûcher à la bibliothèque et se réunir pour rédiger ces foutus dossiers. Il a une vie lui ! Passer ses week-end ou ses soirées à faire ça non merci ! Il a beau essayer de la comprendre, il a du mal. Evidemment, il sait très bien que c’est important pour elle car la psychologie est sa matière principale, son domaine d’étude même alors que pour lui ce n’est qu’une matière secondaire. Il comprend qu’elle veuille s’investir à fond pour valider son semestre et réussir mais ce qu’il lui reproche, c’est de ne pas prendre en compte le fait que tout le monde ne soit pas comme elle et n’accorde pas autant d’importance à tout ça. Rapidement, le petit côté directeur d’Héléna a vite gonflé Cayden. Il en faut peu pour l’énerver alors autant dire que le fait qu’elle veuille tout diriger et qu’elle élude constamment ses idées ne lui a pas plut du tout. De plus, le troisième membre de leur trio est un type passif qui se contente d’obéir sans jamais protesté. Et bien non ! Protestation ! Démocratie ! Libre expression de chacun ! Le ton est monté plusieurs fois si bien qu’à présent, c’est une sorte de guerre froide qui s’est instaurée entre Héléna et Cayden ce qui n’arrange pas du tout l’ambiance de travail. En ce moment, pour ne pas s’engueuler, ils ne se parlent pas ou plutôt, disons qu’ils se parlent un minimum.

Il était 18h passé et ils étaient entrain de travailler depuis le début de l’après-midi. Le troisième membre du groupe les ayant lâché, Héléna et Cayden s’étaient retrouvés seuls pour leur plus grand déplaisir. Ils avaient travaillé chacun de leur côté évitant de se parler. Après avoir bien avancé et l’après-midi touchant à sa fin, Cayden n’avait qu’une envie : se barrer. C’était déjà un exploit qu’il passe autant de temps à la bibliothèque alors autant dire qu’il ne tenait pas à faire du zèle en y restant trop longtemps. Il jeta un bref coup d’œil furtif vers Héléna et constata avec désolation qu’elle n’était pas décidée à partir. « Tu comptes rester encore longtemps ? » Il souhaitait savoir si la torture allait durer encore longtemps où s’il allait enfin être libéré. Jamais une matière ne lui avait demandé autant d’efforts. Comme quoi, le travaille de groupe ça craint !

(…)

Ils s’étaient quittés à la sortie de la bibliothèque. Aucun des deux n’avait avancé l’idée de rentrer avec l’autre. Ne souhaitant pas cuisiner en rentrant, Cayden décida de passer par le restaurant japonais pour prendre des plats à emporter. Il n’avait pas d’adresse fétiche et allait en général chez celui qui se trouvait sur son chemin. Ce fut le cas ce soir. Il entra, fit la queue et remarqua un peu plus loin dans la file Héléna. Trois personnes les séparaient. Trois personnes qui se trouvaient devant lui et qu’il avait l’occasion de dépasser en allant la saluer. C’est ce qu’il fit. Il n’était pas ravi à l’idée d’aller lui parler mais passer devant trois personnes vaut bien quelques petits sacrifices. « Héléna ! » lança-t-il. « J’savais pas que t’habitais dans le coin. » Quelle vaine tentative ! Elle n’avait pas l’air d’avoir envie de faire le moindre effort pour lui parler. Le remarquant, il décida de crever l’abcès une bonne fois pour toute : « Tu sais quoi, merde ! Merde ! Merde ! Et merde ! » Tous les yeux se tournèrent vers lui. « Pourquoi tu ne me calcules pas ? Qu’est-ce que j’t’ai fait à la fin !? » Il en avait marre de tout ça. Tout ce qu’il voulait c’est comprendre pourquoi depuis le début elle l’avait pris en grippe …