Journal intime de Angeline, mere de Joseph
- Angeline, le vingt-cinq juillet mille neuf cent quatre vingt neuf :
Cher Journal
Je sais que cela fait longtemps que je ne t’ai pas agressé de mes confessions –sans importance, je dois l’avouer- et je sais que ce n’ai pas le devoir d’une mère que d’écrire dans un stupide journal intime datant de sa plus tendre enfance… mais je ne suis pas encore adulte. J’ai seize ans, pour tout dire. Je ne sais vraiment pas quoi faire, je suis perdue dans mes pensées les plus profondes, perdue dans un long tunnel et je ne vois pas la lumière du jour. Alors je sais ce que je dois faire. Écrire. Oui c’est pour cela que je t’ai récupéré. Je t’ai trouvé sous ma poupée Barbie. Tu suffocais sous son poids, hein ? Je sais, elle n’est pas drole cette blague, mais j’aime bien décompresser en lachant de temps en temps quelque blagues bêtes, idiotes … comme moi ! Je n’arrête pas de me culpabiliser, et j’ai raison de le faire, je le sais bien. C’est vrai, c’est moi qui ai enfreint “les régles”. C’est moi qui suis allée à cette p*taine de fête débile. Enfin, c’est une des fêtes les plus branchées de Manhattan, mais ce n’était vraiment pas le genre de fête à laquelle je m’imaginais… Je pensais que c’était une simple fête, en l’honneur du quatre juillet, fête de l’indépendance des États-Unis… Mes parents m’avaient ordonnés de rester chez moi, mais je n’y peux rien si je suis têtue… Mais tu peux me dire a quoi ca sert de s’énerver ? Ce qui est fait est fait, je n’y peux plus rien, a part s’assoir et prier…
Mes parents n’arrivent toujours pas à digérer la nouvelle. Je suis officiellement enceinte, d’après mon gynécologue. Et je ne compte pas avorter. Non, c’est hors de question. Mon enfant, je l’aime, et je ne l’abandonnerais pour rien au monde. Ma mere essaie de me résonner, en vain. Je sais que la raison qui la pousse à me demander d’avorter, c’est le qu’en dira-t-on. Elle a peur de “salir” sa reputation. Je m’en fous de se reputation, j’aime mon enfant.
- Angeline, le vingt février mille neuf cent quatre vingt dix :
Ca y est, j’ai accouché. Le stress intense que j’ai subi pendant toute ma grossesse a été l’un des facteurs de la naissance prématurée de mon fils. Oui, il s’agit d’un garcon. Et il est beau. Comme son père. Et merde. Je me remets a penser a lui… C’est normal, non ? J’ai peur de révéler la vérité à mon petit, mais je suis bien obligée malheureusement. Pour l’instant, je vais lui raconter le mensonge banal que toutes les mères célibataires prétendent assurer à leurs enfants. Mon mari est soi-disant mort dans un accident de la circulation. Double mensonge : je ne suis ni mariée, ni veuve…
Mon bébé, je vais l’appeller Joseph Theodore . Theodore, parce que ma mere veut à tout prix que son deuxieme prénom soit celui-ci, et Joseph, c’est le nom de mon premier petit copain. Il était adorable, mais gay…
Le père de Joseph m’a appelé a plusieures reprises. Il ne souhaite vraiment pas être père, mais il souhaitrait quand meme me verser de l’argent chaque mois. Je n’ai pas accepté. Je n’aime pas la corruption, et en plus, son argent je n’en ai pas besoin, ma famille est très riche.
- Angeline, le dix-sept janvier mille neuf cent quatre vingt seize :
Cher journal,
Je suis désolée de n’avoir pas écrit depuis si longtemps, mais j’étais très occupée avec mon Theodore. Il est tellement mignon, et il apprend très vite. Il sait parler, faire du vélo, marcher, et il a beaucoup d’amis. Il a meme une copine, et je peux te dire que ca sent l’amour dans l’air. Il est galant avec elle, et c’est tellement drole. Il apprend déjà a lire, et sait déjà écrire son prénom qui est long, il faut l’avouer, haha. C’était pas drole, hein ?
Bon, tout ca pour te dire que je n’ai plus vraiment de problèmes, et que je ne pourrais plus écrire sur tes pages si douces et qui m’ont tellement aidees, mais tu m’as appris quelque chose. Il faut toujours rester forte.
Alors, après ces derniers mots, je vais te bruler. Je suis vraiment désolée (je n’arrive pas a croire que je parle comme cela à une simple pille de papiers) mais je suis obligée de le faire. Joseph va tomber dessus un de ces jours et apprendre toute la vérité.
- Joseph, le treize février deux mille onze :
Cher journal de maman.
Je m’appelle Joseph Theodore (je pense que tu le savais déjà, ma mere a du t’en faire baver a ce que je vois…) Mais je déteste mon deuxième prénom, alors tout le monde m’appelle Joseph. Tout le monde, a part…. cette fille, du nom de Charlotte. Je ne sais pas pourquoi, mais elle m’intrigue et me fascine en meme temps. Je n’ai jamais ressenti une si profonde sensation, et je pense vraiment qu’elle ressent la meme chose à propos de moi. On s'est rencontrés alors que je travaillais l'été au Starbucks (pour avoir le supplément de café, et surtout parce que j'avais rien a faire a la maison, parce que tout mes amis étaient en voyage, bref).
Mais ce n'est pas pour cela que j'écris sur tes pages.
Maman t'a posé sur le bureau de ma chambre il y a deux ans. Elle m'a expliqué sur un bout de papier que grace a toi, je pourrais connaître toute mon histoire. Je n'ai pas osé t'ouvrir, parce que je voulais que ma vie soit aussi parfaite qu'elle n'avait été, et donc que je ne voulais pas savoir les sombres moments de mon enfance. C'est qu'après avoir fait la plus grosse gaffe de ma vie, que je me suis dit que rien ne pouvais être pire que ca. J'avais raison. Je suis né d'un père inconnu, et alors ? J'AI TUÉ QUELQU'UN !! Voila, c'est dit...
C'était il y a exactement un an. J'étais allé à une soirée branchée, et bien entendu, j'ai bu. Beaucoup trop. J'étais avec des potes, l'ambiance était magnifique... Quand je me décidais (enfin) de rentrer, j'ai pris ma voiture et j'ai démarré Je ne savais vraiment pas ce que je faisais, je me dirigeais un coup à droite, un coup à gauche, parfois au mileu de la route. J'étais vraiment soul, mais je pensais vraiment que je pouvais rentrer chez moi indemne. J'avais tord. Tout à coup, une fille traversa la route. J'avais la vue floue, je ne l'avais pas vue, et c'est là que... je l'ai tuée sur le coup. Il était hors de question que je reste sur place. Je me suis enfuis, comme un lâche. Bien sur, je m'en veux encore et toujours. Le lendemain, j'ai compris en lisant le journal, que cette fille était la meilleure amie de ma meilleure amie. Et depuis un an, je lui mens.
Alors maintenant que je t'ai raconté mon crime, je vais faire quelque chose que ma mère a oublié (?) de faire. Je vais te bruler. Je suis un criminel après tout, non ?.