A. HAZEL BLACKBIRD-JONES ღ « Petit copain, petite copine, c’est des concepts. Franchement c’est puéril. »

17 avril 1992, point de vue d'Hazel.
« M 'maaan ! Je peux aller chez Nana ? » « Si tu veux, ma chérie, mais n'oublies pas de rentrer pour le dîner. » « Promis ! » Sans attendre plus longtemps, je sortis de la maison et dévalais mon jardin jusqu'à arriver devant la maison de mes voisins. Je sonnai et Auriele Donovan Hawkins ne fut pas surprise de me voir, elle me fit entrer en me demandant comment allait ma mère et en me proposant des cookies. Auriele était la meilleure amie de ma mère et sa fille était devenue la mienne. Rapidement, la petite blonde vint d'ailleurs me chercher pour m'emmener dans sa chambre où on commençait à jouer aux poupées. « Tu sais, Hazy, quand on sera grandes, on ne se perdra jamais ! On sera toujours meilleures amies, comme nos mamans. Et puis, toi, tu te marieras à Flynn comme ça se sera plus facile puis je serais la tatie de votre bébé. » « Beuurk ! J'veux pas me marier avec Flynn, c'est mon copain. » « Ben justement, vous serez amis et amoureux, c'est chouette, je trouve. » Alors que l'on était en pleine discussion de petites filles, le fameux Flynn débarqua en bousculant tout sur son passage. Il portait une cape de Superman et ses pantoufles Snoopy. « Super Flynn à la rescousse ! » En faisant irruption dans la chambre, il avait renversé la maison de poupées d'Hannah qui le regardait avec des yeux remplis de colère alors que moi, je rigolais. « SuperNuloss' ouais ! Regarde ce que t'as fait à ma maison. » Riant, ma meilleure amie poussa alors son frère sur son lit avant que celui-ci ne se mette à la chatouiller. Soudain, ils se stoppèrent net et me regardèrent avec des yeux pleins de malice qui ne présageaient rien de bon. Sans que je m'y attente, ils me sautèrent dessus et commencèrent à me chatouiller. Je gesticulais dans tous les sens en riant, essayant de leur dire d'arrêter : « Stop ! Sinon, j'suis plus votre copine pour la vie ! » On était jeunes et insouciants à cette époque, rien ne pouvait nous atteindre, jusqu'à ce que le père de mes amis meure, là, ce fut le début du cauchemar.

16 novembre 2003, point de vue d'Hannah.
Aujourd'hui, j'avais envie de sortir avec Hazel, ma meilleure amie, on aurait pu se faire un cinéma ou encore une soirée pyjama comme on les aime tant sauf que mes plans ont dû changer car mademoiselle travaillait au bar de sa mère ce soir. Elle n'avait pas spécialement besoin d'argent mais elle aimait l'ambiance et puis, c'était l'endroit idéal pour croiser des gens du lycée, en particulier le vendredi soir. Quoi qu'il en soit, j'avais tout de même décidé d'aller la rejoindre là-bas histoire que l'on passe un peu de temps ensemble. Lorsque j'arrivais, la plupart des jeunes dansaient, il y avait juste un jeune homme d'une beauté plutôt remarquable qui était resté assis au bar et qui observait ma jolie amie sans discrétion aucune. Souriant, je passai dans le bar et sautait dans les bras d'Hazel avant de murmurer à son oreille. « Dis, ma jolie, t'es au courant qu'un canon te déshabille du regard au comptoir ? » « Il ne me déshabille pas du regard et d'ailleurs il n'est pas si canon que ça. » J'éclatai de rire, c'était du Hazel tout cracher, ça ! Quand elle était attirée par un mec, elle disait qu'elle le trouvait repoussant, elle pouvait faire ça à tous, sauf à moi. « Mademoiselle, je pourrais avoir une autre tequila, s'il vous plaît ? » Alors que je souriais comme une idiote, elle allait le resservir. Moi, j'étais aux anges, je n'avais pas besoin de film, j'avais le début d'une histoire d'amour devant les yeux. Quelques heures après, alors qu'on discutait de tout et de rien, le beau brun mit les voiles en laissant un beau pourboire à Hazel en plus de son nom et de son numéro de téléphone griffonnait sur un vieux sous-verre, il s'appelait Berlioz et avait ajouté : "Si vous ne me contactez pas, je vais me sentir obliger de devenir un alcoolique qui viendra tous les soirs dans ce bar". Je souris avant d'obliger mon amie à prendre le bout de carton mais j'étais loin de m'imaginer la longue histoire qu'ils allaient vivre.

24 décembre 2003, point de vue de Flynn.
Aujourd'hui, c'est la veille de noël et comme chaque année depuis que mon père nous avait quittés, on fêtait ça chez les Jefferson avec ma mère et ma soeur. Je trouvais ça tellement mal venu de fêter noël, c'est censé être une fête de famille, mon père est censé être avec nous. Néanmoins, je fis quand même l'effort de m'apprêter et de m'y rendre, je devais le faire pour Hannah et maman. Une fois arrivée devant la porte, ma soeur toqua et quelques secondes plus tard, Hazel venait nous ouvrir. Elle était vraiment ravissante, comme toujours, l'adolescence lui allait bien. Elle nous fit entrer avec un grand sourire, elle avait toujours aimé noël depuis qu'elle était môme. On s'entendait d'ailleurs plutôt bien à l'époque mais maintenant.. Je ne veux plus m'attacher, lorsqu'on s'attache, on souffre, systématiquement. « Et ben, Hazy, t'es super canon ! Le mec du bar doit passer où quoi ? » La jolie brune tira une langue à ma soeur avant de prendre nos manteaux et de nous amener au salon. C'était qui ce fameux "mec du bar" ? Hazel n'était pas du genre à sauter sur tout ce qui bouge et le fait que ma soeur en parle voulait dire beaucoup de choses : ce mec plaisait à Hazel. Sans que je ne contrôle quoi que ce soit, je sentis une pointe de jalousie me pincer le coeur. Alors que mon regard croisait celui de notre hôte, je croisai les bras et détournai les yeux. Soudain les Blackbird arrivèrent, je leur souris alors et les remerciai pour leur accueil, jouant les garçon modèle. Façade. De toute la soirée, je ne jetai pas un seul regard à Hazel, j'avais décidé de l'ignorer depuis bien trop longtemps que pour me laisser guider par mes émotions, ce n'était qu'une fille, une fille parmi dans d'autres.

13 août 2009, point de vue de Hazel.
Cela fait une semaine maintenant, une semaine que je sais que je suis malade, une semaine que je sais que je dois rompre avec Berlioz seulement, ce n'est pas facile. Il a été mon seul véritable amour, mon premier, mon unique. Mais, je dois le faire.. Pour lui. Aujourd'hui, j'avais donc pris mon courage à deux mains et je lui avais donné rendez-vous chez lui. J'arrivai à l'heure, ce qui était loin d'être habituel chez moi, lorsqu'il ouvrit, il parut d'ailleurs surpris. « Tiens, tiens.. T'es déjà, là, toi ? » Il sourit avant de me prendre par la taille pour me faire entrer. « Tu sais que tu m'as manqué ? » Caressant doucement ma joue, il amena ses lèvres aux miennes et m'embrassa tendrement avant que je ne rompe doucement ce baiser. « Oulaa, ça va pas, toi.. Qu'est-ce qu'il se passe ? » Je baissai les yeux, sentant les larmes me monter aux joues, je ne pouvais pas le regarder dans les yeux et lui mentir en même temps. « Toi et moi, c'est fini. » « Quoi ? » Je sursautai en l'entendant cogner rageusement dans une porte. « Pourquoi..? Explique-moi au moins pourquoi, Clélia ! » « Je.. J'en ai marre.. Je n'ai jamais connu que toi et.. Et, ça commence à m'ennuyer, je veux expérimenter d'autres choses, d'autres personnes. » « Attends, t'es sérieuse, là ? Tu me largues après plus de trois ans et tu me sors une excuse pareille ? » « Ben ouais.. » Sans attendre plus longtemps, je me retournai et ouvris la porte pour sortir. « Je t'aime, t'as pas le droit de me faire ça. Tu comprends ? T'as pas le droit ! » J'avalai ma salive et fermais les yeux avant de me retourner pour aller me blottir dans ses bras. Je caressai doucement ses cheveux avant de poser mes lèvres sur les siennes et de lui offrir notre baiser d'adieu. « Je suis désolée.. Pardonne-moi.. » Je me mordis la lèvre inférieure avant de sortir de chez lui, sans me retourner. C'était moche la maladie, c'était moche de lui mentir, c'était moche l'amour !

20 juillet 20011, point de vue de Hazel.
C'est parti, je vais avoir ma greffe, on va me sauver la vie et pourtant, j'ai une peur bleue, il paraît que c'est normal. Mon père est là, ma mère est là et Berlioz attend dans la salle d'attente. Hannah aurait voulu venir mais elle avait quelque chose d'important à faire. Mon père était occupé à faire les cent pas dans la chambre alors que ma mère me caressait les cheveux comme pour se calmer. Soudain, l'infirmière vint me chercher pour m'emmener au bloc opératoire. J'embrassai mes parents et on me conduit jusque la fameuse salle, soudain, j'aperçus une tignasse blonde que je connaissais trop bien. J'aurais voulu appeler ma meilleure amie mais l'infirmière m'amena rapidement plus loin. J'eus droit à l'anesthésie, j'ai compté jusqu'à sept et puis, je me suis endormie. Quelques heures plus tard, je me suis réveillé dans ma chambre, j'avais l'impression de n'avoir rien vécu, peut-être que mon donneur s'était fait la malle, qui sait. Je soulevai le drap et remarquai rapidement un bandage sur ma cicatrice. Je levai alors les yeux pour regarder si mes parents étaient là mais la seule personne que je vis fut Flynn. Je grimaçai avant d'essayer de me redresser, en vain. Il était dans une chaise roulante et portait une blouse de l'hôpital. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire ici ? « Tu.. Qu'est-ce que tu fiches ici ? » Il ne me répondit pas et se contenta de sourire. « Flynn.. » « Qui j'allais bien pouvoir emmerder si tu crevais, hein ? » Cette fois-ci, se fut à mon tour de sourire, je m'apprêtais à répliquer lorsque la porte s'ouvrit sur un Berlioz tout ébahi avec des fleurs à la main. Il se précipita vers moi et embrassa mon front. « J'ai eu tellement peur pour toi, ma jolie, si tu savais.. » Il caressa tendrement ma joue alors que je cherchais Flynn du regard, il était près de la porte. « Flynn ! » « Ne me remercies pas, Hazy, prends juste soin de mon rein. » Il partit alors, me laissant avec mon ex.

22 juillet 2011, point de vue d'Hannah.
Cela faisait maintenant deux jours que mon frère et ma meilleure amie ont subi leurs opérations, deux jours qu'une partie de mon frère flotte en Hazel. Même si j'ai été la première au courant, j'avoue que ça m'étonne toujours de savoir qu'il a été capable de faire ça pour elle. Certes, ils avaient été proches lorsqu'ils étaient petits et même si depuis que mon père était mort, Flynn préférait éviter Hazy, je savais parfaitement qu'il avait toujours de l'affection mais à ce point-là.. il lui a quand même donné un rein, ce n'est pas rien. J'avais beau essayer de lui faire cracher le morceau, il ne voulait pas admettre qu'il était fou d'elle. Quoi qu'il en soit, après ma visite quotidienne dans la chambre de mon frère, j'allai jusqu'à celle de ma meilleure amie, Berlioz n'était pas là, ses parents non plus. Elle était toute seule dans son lit à observer une vieille photo, je m'approchai d'elle et regardai la photo : c'était Flynn, Hazel et moi, on devait avoir huit ans grand max sur ce cliché. Je souris doucement avant de m'asseoir près d'elle et de prendre sa main dans la mienne. « Laisse-lui du temps.. Il reviendra. Je sais qu'on attend l'ancien Flynn depuis plus de dix ans mais il reviendra. La preuve.. C'est lui qui t'a donné un rein, pas cet arrogant personnage qui ressemble à mon frère. » « Tu vois.. Le problème, c'est que je ne sais même pas comment le remercier.. C'est tellement énorme comme geste ! Il m'a sauvé la vie, Nana. » « Je sais.. Et je suis persuadée qu'il ne l'a pas fait sans raison si tu vois ce que je veux dire. » Ma meilleure amie fronça un sourcil et me regarda, interrogative. « Hazel, t'es aveugle ou quoi ? Il est amour.. » Avant que je ne finisse ma phrase, la porte s'ouvrit et Berlioz entra tout sourire. Son ex, encore. Et dire que je l'aimais bien au début.