Dîner à l’aveugle [Babybel]

«C'est qui celle-là... » Se redressant légèrement au-dessus d'une masse non identifiée qui crut bon de prendre ses aises dans son lit, Drake ne pu que constater que cette dernière nuit fut tout, sauf de tout repos. D'ailleurs, il lui était bien impossible de compter sur sa mémoire pour s'en souvenir, ayant certainement trop bu au point de l'avoir transformée en trou noir. Qu'importe, les soirées bien arrosées ne manquaient pas chez les Delta. En revanche, cette femme était un véritable problème. Vous vous dites certainement qu'aucun homme digne de ce nom verrait en cela un souci de premier ordre. Seulement voilà, Drake était une personne pleine de principe, virant habituellement ses demoiselles une fois leurs petites galipettes et prolongations terminées. Un geste nonchalant, mais qui visait à faire en sorte que les jeunes filles avec qui il avait une aventure ne s'attachent pas à lui, ne voit pas en une nuit de plaisir, le début d'une idylle. Car il en était hors de question, refusant même de s'attacher à un animal de compagnie. Un comportement suspect qui lui avait valu un certain nombre de rumeurs à son sujet, mais il ne s'en souciait guère, n'important que trop peu d'importance à ce que l'on pouvait bien penser de lui. Il savait qui il était et qui, il n'était pas, tel était le plus important. « Hey » Tapotant sur la chose inerte qui se trouvait encore à ses côtés, il eut pour unique réponse un grognement dénoué de toute grâce que l'on retrouve généralement chez les femmes. Haussant un sourcil, allant même jusqu'à se demander s'il s'agissait vraiment d'une femme sous cette couette, Caldwell en vint à réitérer son geste. « Hey, lève-toi ! » « Quoi, qu'est ce qui y'a.. ?» Ce qu'il y avait ? Elle était encore là, voilà ce qu'il y avait ! « Tu dois partir » Et le plus tôt sera le mieux. Mais en vue de la mauvaise volonté de mademoiselle, Drake n'eut pas d'autre choix que de se lever, d'enfiler un boxer pour faire le tour du lit tout en y ramassant tous les vêtements qui ne lui appartenaient pas. « Pourquoi, ta petite copine va débarquer ? » Ah les femmes ! Pourquoi fallait-il toujours une explication à tout. Ne pouvait-elle tout simplement pas comprendre qu'il en était ainsi, que cela signifiait que la petite sauterie venait de prendre fin ? Arrivant à ses côtés, Caldwell saisit le bras de la parfaite inconnue qui se prélassait encore dans son lit. Doucement, mais surement, il l'incita à se lever, découvrant un corps dés plus appréciable à regarder. S'ayait, il comprenait pourquoi cette demoiselle avait bénéficié d'un petit temps de bonus ! Elle était tout simplement à tomber par terre ! Bien que pas assez pour lui faire oublier ses mauvaises manières. « Rhabille toi et rentre chez toi. C'était super, mais n'espère pas, ne m'appelle pas et ne croit surtout pas qu'on se connait. En revanche, si tu as des copines... BAM ! « Connard » Voilà qu'une bonne baffe lui remettrait les idées en place, du moins elle y croyait fortement. Lui, semblait étrangement moins convaincu. La laissant prendre la porte dans un petit sourire narquois, refusant d'afficher un quelconque remord sur ce comportement qui était tout sauf recommandé auprès d'une femme, Drake pris alors la direction de sa salle de bain. « Bordel de merde, qu'est ce qu...Oh fait chier...» Qu'est-ce qu'elle lui avait collée là, dans le creux de son cou et aux couleurs violacées : Un suçon ! xD [Spécial dédicace ah ah ] Une 'marque' qu'il s'était toujours refusé de porter, équivalant pour lui à un geste d'affection à la signification bien particulière : ' Propriété privée'. Fiu ! Le voilà dans le pétrin, ne pouvant aucunement porter un col roulé par un temps pareil ! Peut-être pourrait-il piqué un peu de maquillage à sa coloc ? Nonnnn, pas question ! C'est alors que son portable se mit à sonner, un texto s'il en croyait le son qui retentissait encore dans sa chambre. Abandonnant l'idée de masquer le résultat de ses petites frasques, Drake pris la direction de sa table de nuit où trônait son portable.

Citation :

Hey Buddy !!! On se voit ce soir, 20h ? Je t'invite à découvrir ce qu'est la vraie cuisine française ! Et dans le noir stp !! Ca te rappelle quelque chose ?

Oh que oui ! Entre autre qu'il ne maîtrisait pas encore assez bien la gastronomie française, du moins c'est ce qu'il comprit par ce dernier sms qui l'invitait fortement à le rejoindre dans un restaurant. Et s'il était davantage tenté par une soirée en compagnie de charmantes demoiselles, ce n'était clairement pas avec un suçon dans le cou qu'il parviendrait à quelque chose. Abstinence donc ! Et puis Abel restait quelqu'un de sympa, bon professeur en plus ! Acceptant l'invitation en quelque 'touch' sur son mobil, il finit par s'habiller et s'en aller à la conquête de l'université où de nombreuses affaires de business l'attendaient.

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Une fois la journée achevée, Drake eut à peine le temps de déposer ses affaires qu'il dut repartir en direction du centre-ville, là où son ami l'attendait pour lui faire découvrir un restaurant qui, selon ses dires, faisaient des merveilles. Une fois arrivée, il fut pris en charge par une charmante hôtesse, lui indiquant que son 'rendez-vous' était bel et bien arrivé. « Table 9, tout droit puis c'est juste sur votre gauche » La remerciant, Drake passa le rideau qui séparait la salle de restauration et le couloir reservé à l'accueil des clients. A...Attendez , vous n'êtes pas sérieux ! Trop tard, le voilà seul et livré à lui-même. Comment était-il censé retrouver sa table hein ? N° 9...Qu'elle était bien drôle celle là ! Pour l'accueil on repassera ! « Marrrrrcoooooooooo... » Quoi ? Au grand mal les grands remèdes non ? Et si cela gênait certainement les autres clients, Drake s'en fichait bien ! Avançant a l'aveugle, continuant ses appels aux secours, il crut finalement entendre une voix qui lui était familière. ENFIN, le parcours du combattant prenait fin ! Du moins il l'espérait, ne sachant même pas comment il parviendrait à manger alors qu'il était déja bien incapable de dire ou se trouvait son couteau et sa fourchette. « Ah te voilà ! La prochaine fois c'est moi qui invite ! Je te ferais connaître les joies de la gastronomie américaine ! Poulet frit et frittes ! » Prenant place, Caldwell rata sa chaise de peu, tombant fesses contre terre. De quoi vous vexer un homme ! « Tu crois que ça dérangera quelqu'un si je mange par terre ? »

« Faites attention en rentrant Fox, je vois que vos yeux se ferment sans crier gare. Vous perdre me faire perdre du temps sur nos recherches. A demain. » lança le professeur Gordon en lui laissant un sourire que venait créer un démenti sur sa dernière phrase. Cette femme qui devait bien avoir ses 50 ans passés, avait une vivacité d’esprit et surtout un humour qui plaisait à Abel. Cela plus qu’autre chose l’avait décidé à tout faire pour qu’elle devienne son directeur de recherche mais aussi son mentor. La mine revêche, l’air hautain et pincé, il n’en n’était rien. Et même si elle gardait une attitude toute professionnelle, presque froide, avec lui, il n’en demeurait pas moins qu’elle l’appréciait tout autant. Elle pouvait dire le contraire et souvent ne se privait pas pour lui en faire la remarque mais il savait qu’elle tenait à lui. Elle prenait soin de son élève, et essayait de lui faciliter la vie. Sauf avec les horaires de la recherche. Il était presque neuf heures du matin et il allait enfin prendre congé et pouvoir rentrer chez lui pour dormir de ton son saoul.

« Ah ! J’allais oublier. Tenez prenez-ça, je crois que ça peut vous intéresser. Je vous aurais bien accompagné mais la perspective de vous voir en dehors des heures de recherches ne m’enchante pas plus que cela. » dit-elle en lui tendant une feuille qu’elle sortit de son cartable. Il fronça les sourcils intrigué, même si un grand sourire c’était étalé sur son visage fatigué. Deux ou trois fois il avait pu grâce à elle assister à des séminaires où il lui avait servi d’assistant et de porte-parole. Des soirées presque mondaines où s’il n’était pas à son bras par soucis éthique et parce qu’il n’était pas son gigolo mais bien son élève, Abel avait déjà passé des soirées avec elle donc sans que cela ne l’ennuyât. Il voyait là encore une marque d’affection cachée par son humour bien trempé. Observant d’abord le professeur, il passa ensuite la feuille au peigne fin. Au fur et à mesure qu’il apprenait de quoi il en retournait un sourire encore plus large –oui c’était toujours possible avec lui- se dessina. C’était une invitation pour deux personnes pour un repas gastronomique français. Mais le concept était on ne peut plus original. Le restaurant était plongé dans le noir. C’était donc un dîner à l’aveugle. Ses yeux s’agrandirent et il lui fallut quelques instants pour cesser de bégayer et de prononcer une phrase sensée.

« Mais Gladys c’est trop ! Je ne peux pas accepter ça ! » lança t-il en écartant les bras. Le jeune homme était aux anges mais l’offre était très grande. Il était la cuisine, il en était passionné et encore plus par sa cuisine natale. De plus, il était friand de nouvelles expériences, toujours à l’affût du truc le plus original à faire. Là, la feuille qu’il tenait dans sa main regroupait tout ça. C’était plus qu’il ne pouvait le méritait. Et cela encore une fois vint casser l’image sèche qu’elle aimait donnait devant ses autres élèves. Mais ils se connaissaient tellement à présent qu’il ne lui en tenait plus rigueur. Au contraire, cela le faisait sourire.
[color:c25b= #3B8350]« Vous préférez que je le déduise de votre salaire ? Bon sang ! Trouvez-vous quelqu’un pour vous y accompagner et cessez d’importuner une dame de mon rang ! » dit-elle en levant le menton dans une très bonne fausse imitation des grandes impératrices. Là, le français eu un petit éclat de rire et dans un geste totalement spontané s’avança vers elle et la prit dans ses bras quelques instants. Il faisait souvent ça et elle était toujours prise au dépourvu. S’en suivait une brève leçon de morale sur les rapports professeurs élèves, mais de toute façon tout avait toujours été clair et il ne risquait pas d’y avoir une quelconque ambiguïté. Abel aimait la voir s’emporter parce qu’il lui adressait un clin d’œil où plus rarement qu’il la prenait dans ses bras pour la remercier. Pour lui c’était devenu comme une mamie. Une grand-mère certes un peu spéciale mais au fil du temps il avait pris le parti de voir le relation dans ce sens-là et même si elle ne le disait pas il était sûr et certain que cela la touchait et qu’elle n’en pensait peut-être pas moins.

« Merci Doc’ ! Merci ! » dit-il en reculant pour ne pas se prendre un coup. Il la salua et après avoir rassemblé ses affaires et mit son sac sur l’épaule il prit congé. La première chose qui lui vint à l’esprit fut de prévenir la personne qui allait l’accompagner. Il sortit dans le jour qui avait déjà posé sa palette de sensations colorées. Le jeune homme glissa la main dans la poche de son blouson et tapota sur son téléphone :

Citation :

Hey Buddy !!! On se voit ce soir, 20h ? Je t'invite à découvrir ce qu'est la vraie cuisine française ! Et dans le noir stp !! Ca te rappelle quelque chose ?

Il envoya le message à Drake Cadwell. Pourquoi lui ? Simplement parce que cela ne pouvait pas être une autre personne. L’histoire qu’il partageait avec ce mec faisait tomber son choix sous le sens. Il était allé manger dans un restaurant qui proposait une cuisine française. Bon là-bas on n’était pas dans le noir. Et après réflexion peut-être qu’il aurait mieux valu. Lorsque son plat était arrivé devant lui et qu’il l’avait goûté, son sang ne fit qu’un tour. Ce n’était pas bon. Son palais si habitué à la finesse et à la justesse française en matière culinaire le poussa à ouvrir sa grande bouche pour faire savoir au chef que ça ce n’était pas de la cuisine française. Il ne se doutait pas qu’il avait signé le licenciement du chef qui faisait débutait en essai dans ce restaurant. Plutôt beau garçon, mais tellement imbu de lui-même ! Cela avait encore plus décidé à Abel d’exiger réparation. Il avait même tenu à lui donner une leçon à ce prétentieux. Prenant de son temps il avait exécuté le plat qu’il avait demandé et de l’avis de tous c’était divin. Excédé, Drake avait fini par quitter les lieux. Le patron avait dit sans détour à Abel qu’il lui donnait la place et qu’il virait le jeune homme. Cela pris le français au dépourvu qui n’avait jamais voulu que cela arrive. Il persuada le patron de le gardait et qu’Abel lui donnerait des cours sur la gastronomie française. Ceci marqua un début houleux entre les deux, car Drake n’aimait pas spécialement qu’on lui donne de leçon. Abel n’était pas cette ambiance. Mais au fil du temps ils avaient appris à s’apprécier. C’est ce petit clin d’œil qu’il voulait lui faire. Son ami lui répondit du tac au tac qu’il répondait présent à l’appel et cela lui fit plaisir.

Sur le chemin du retour il manqua de se faire écraser deux fois et de se prendre un poteau. Il souffla en arrivant devant son immeuble et ratant une marche faillit se manger la marche suivante. Il pesta et se dit qu’il était vraiment qu’il arrive et qu’il dorme un bon coup parce que là ça n’allait plus. Il n’était plus maître ni de son corps, ni de son esprit. Il dit bonjour à son concierge et prit l’ascenseur, chose qu’il ne faisait jamais. Il appuya sur le bouton et se cala contre la paroi. L’engin se mit en marche dans un bruit de vieil ascenseur. Il avait déjà fermé les yeux lorsque l’appareil s’arrêta à son étage et c’est machinalement presque sans les rouvrir qu’il passa la clé dans la serrure et qu’il entra enfin chez lui. Il poussa un nouveau soupir. Un jour il faudrait qu’il parle sérieusement avec le professeur Gordon sur ses horaires. Pourquoi la recherche se déroulait toujours très tard dans la nuit ?! Heureusement qu’il n’y allait pas toutes les nuits il serait déjà passé de vie à trépas. Et évidemment Yang son petit chat était en pleine forme. Il tournoya autour de ses pieds lui agrippant le pantalon avec ses pattes griffues quand il le pouvait.

«Petit monstre, on jouera une autre fois, je suis fatigué. » dit-il en se penchant vers la boule de poils noirs en chuchotant, épuisé. Il but un verre d’eau et enleva blouson et t-shirt. Il ouvrit la fenêtre principale pour aérer et se cala sur le canapé. Yang vint se poser sur son ventre et il les deux s’endormirent sans même s’en rendre compte. Il n’y avait aucun bruit dans l’appartement et seule une voiture qui passe par intermittence faisait bouger les oreilles du chat.

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Il était presque 18h lorsqu’il émergea. Le jeune homme avait dormi toute la journée ! Un exploit pour cet hyperactif. Il nagea dans un brouillard quelques instants, regardant à droite puis à gauche avant de se dire qu’il était bien chez lui, dans son canapé. Avec son chat sur le ventre. Le jeune homme, posa une main sur lui et lui chatouilla doucement derrière les oreilles pour le réveiller. Celui-ci s’ébroua et grimpa jusqu’à son cou pour quémander un câlin que son colocataire lui offrit avec plaisir. Le soupir de fatigue du matin avait été remplacé par un soupir de bonheur. Mais il fallait qu’il se prépare puisqu’il allait au restaurant avec Drake. Il posa son chat sur le canapé et alla à la douche. Il fit glisser son pantalon et le reste et se cala sous l’eau d’abord bien froide pour le réveiller et le stimuler. Puis il l’adoucit et la régla très chaude. Il y resta pendant un petit moment, il en avait bien besoin. Il s’habilla d’un jean sombre, d’une simple chemise blanche et de chaussures de la même couleur.

Abel s’occupa de ranger un peu la foire accumulée dans l’appartement et surtout donna à manger à Yang. D’ailleurs en parlant de manger, il avait une faim de loup ! Il tourna quelques instants près de la cuisine, son hyperphagie prenant le dessus. En même cela faisait une journée entière qu’il n’avait rien avalé ! Un record pour lui ! Tel un loup en cage il rôdait autour de cette partie sacrée de son habitat. Il opta pour un compromis. Il grignota deux biscottes et avala un yaourt. Il but aussi pas mal d’eau qui finit de lui couper pour un moment l’envie de manger tout ce qui lui passait sous la main.
Enfin il prit ses clés, glissa nonchalamment une écharpe autour de son cou et claqua la porte. Il prit la direction du restaurant et arrivé sur place il donna son nom ainsi que son invitation. On lui indiqua sa table et lorsqu’il poussa les rideaux opaques il se retrouva dans le noir complet. Il entendait une rumeur de conversation qui s’estompa quand il commença à marcher. Ca n’allait pas être simple cette histoire-là. Mais étrangement un sourire d’excitation s’installa sur son visage. Il trébucha une ou deux fois avant d’apercevoir un « 9 » lumineux mais qui n’éclairement aucunement le lieu. Abel s’y dirigea et s’assit à tâtons. Une demie plus tard il entendit la voix de Cadwell. Il sourit.

« Polooooooooooooooooooooooooooo ! » lança t-il assez fort, pour répondre à son cri de détresse.
« Ah te voilà ! La prochaine fois c'est moi qui invite ! Je te ferais connaître les joies de la gastronomie américaine ! Poulet frit et frittes ! » dit son ami en arrivant enfin vers lui. Abel sourit, mais personne ne pu le voir. A vrai dire il entendait Drake mais ne pouvait que se contenter de voir et même plutôt sentir sa silhouette se mouvoir à côté. Un bruit lui indiqua que le jeune homme n’avait pas eu la chance de trouver sa chaise et en l’entendant il regarda instinctivement par terre même s’il ne voyait rien. Il éclata de rire tandis que son ami parlait.

« Tu crois que ça dérangera quelqu'un si je mange par terre ? »
« Si tu n’arrives pas à trouver ta chaise, je ne sais pas si tu vas réussir à trouver ton assiette et ta bouche. » se contenta t-il de dire après avoir calmé son fou rire. La soirée promettait d’être riche en émotions. Mais il ne se moquait pas trop car maladroit comme il l’était, il n’était pas à l’abri de quelques gags.
« Sympa comme concept non ? J’ai hâte de voir, enfin … de goûter à ce repas… » Il regretta presqu’aussitôt ces paroles spontanées, car cela leur rappelait leur rencontre qui ne s’était pas déroulée sous les meilleurs auspices. Un petit blanc se promena et il s’éclaircit la gorge.
« T’as passé une bonne journée ? Ca fait un bout de temps qu’on ne c’était pas vu ! Tu me diras c’est pas ce soir qu’on va pouvoir se voir ! » dit-il en riant.

Bon restaurant bon restaurant...une chose était sûre, l'accueil n'était pas au top ! Comment était-il supposé retrouver sa table, lui qui se retrouvait à présent livré à lui-même et plongé dans le noir le plus complet ? Ignoraient-ils que la vision infrarouge et/ou thermique existait que dans les films et bandes dessinées en tout genre ? D'autant plus que Drake n'avait même pas remarqué les petits numéros servant à indiquer que vous êtes au bon endroit ! Quand bien même cela aurait été le cas, le chemin était miné, s'aventurant ainsi dans la pénombre en manquant de tomber sur un sac à main qui traînait en plein passage. Ah les femmes et leurs accessoires de mode ! « ROOO, mais faites attention bon sang !!! » S'en était trop ! Voilà que même les petites bourgeoises se liguaient contre lui ! « Ca va ça va, ce n'est pas comme-ci je m'étais levé ce matin en me disant : tiens je vais bousculer une petite vieille dans un restaurant où on y voit rien !» Et si son coude l'avait 'effleurer' -pour ne pas dire assommer- les excuses de notre jeune homme ne vint jamais, n'aimant guère le ton qu'elle venait d'employer avec lui. Au lieu de cela, il chercha un moyen plus astucieux, ou radicale selon les points de vue, pour s'orienter vers la bonne table. « Polooooooooooooooooooooooooooo ! » Super ! Abel était déjà présent, pouvant ainsi suivre le son de sa voix sans grand mal ou presque. Une méthode qui n'était pas au goût de tous, a commencé les clients, mais il s'en fichait bien, étant surtout pressé de retrouver son ami, mais aussi et surtout une chaise pour ne plus en bouger.
Une fois à ses côtés, un petit sourire se glissa sur ses lèvres, se pensant presque à l'abri de toutes catastrophes. Des foutaises, se retrouvant rapidement au sol dans un fracas identique au vacarme dans lequel il était parvenu jusqu'à cette table. De quoi mettre un sacré coup à son égo et cela, d'autant plus lorsqu'il entendit son ami qui riait de son malheur. A vrai dire, Drake ne savait même plus s'il devait s'estimer heureux ou non d'être dans le noir, ses voisins ne pouvant de ce fait, aucunement l'identifier. « Si tu n'arrives pas à trouver ta chaise, je ne sais pas si tu vas réussir à trouver ton assiette et ta bouche. » Il n'avait pas tort, ce dîner s'annonçait des plus compliqués, étant lui-même, tout sauf convaincu de ressortir de ce restaurant sans la moindre tâche. « Hum je n'aurais peut-être pas dû mettre une chemise blanche ! Il n'y aurait pas un bavoir dans le coin par hasard ? » Et oui, quitte à être ridicule, autant l'être à fond ! Il faut dire que notre jeune homme ne connaissait que trop rarement la demi-mesure. Se relevant dans un petit rire, ne laissant pas ces petits accidents de parcours gâcher sa soirée, il attrapa la chaise, la tâtant de sa main pour en délimiter les contours et s'y asseoir. « Ouf ! Enfin la terre ferme ! » Comme prévu, il glissa sa main sur la table, tentant de trouver sa serviette en papier qui lui ferait office de bavoir. Ainsi tel un enfant de quatre ans, c'est avec une serviette autour du cou qu'il attendit avec impatience de satisfaire son estomac qui criait famine.

« Sympa comme concept non ? J'ai hâte de voir, enfin ... de goûter à ce repas... » Un concept sympa oui, mais qui lui rappelait aussi ce jour où leurs chemins s'étaient croisés. Une rencontre atypique et qui, on pouvait bien le dire, ne s'était pas déroulée dans les meilleures conditions. « L'avantage c'est que tu ne pourras pas courir en cuisine si un plat n'est pas à ton goût. J'imagine que tu ne sais pas où elle se trouve. » Franc et ayant pour l'habitude de répondre au tac au tac, il ne pû s'empêcher de faire cette petite remarque, conservant cependant un ton des plus normal, sans le moindre reproche. Abel l'ignorait certainement, mais un petit sourire trônait sur son visage, ne souhaitant pas se prendre la tête alors qu'une agréable soirée se profilait jusque là. Conservant le silence un petit instant, ayant cependant conscience que son humour quelque peu décalé pouvait être mal perçue, ce fut non sans un sourire qu'il fut ravit de voir a quel point Abel n'était pas rancunier. Du moins pas autant que lui pouvait l'être. « T'as passé une bonne journée ? Ca fait un bout de temps qu'on ne c'était pas vu ! Tu me diras c'est pas ce soir qu'on va pouvoir se voir ! » Lâchant un petit rire à son tour, Drake se remémora sa journée en l'espace de quelques secondes... « Journée classique ou presque. Quoi de mieux qu'une bonne baffe pour bien commencer la journée hein ?! En tout cas ça fait plaisir de te voir, comme tu le dis, ça fait un baille. Il faut dire que les Delta prennent pas mal de mon temps. On prépare une de ces soirées !! Tu viendras j'espère ?! » C'est alors que les deux jeunes gens furent rejoints par une jeune femme, l'une des serveuses du restaurant. « Bonjour, puis-je prendre votre commande ? Souhaitez-vous un apéritif ?» Bon sang ! comment faisait-elle pour se mouvoir sans rien y voir et surtout, sans ne rien casser ?! Tout naturellement, tel un vieux réflexe qui a la vie dure, son regard brassa du noir, tentant de deviner les courbes de la demoiselle dont la voix laissait entrevoir une silhouette à chambouler un homme. En vain ! « A toi l'honneur Abel, je prendrais la même chose que toi. J'ai tellement faim que je pourrais manger un éléphant, alors pour moi tout fera l'affaire! »
Et tandis que son complice d'un soir passait commande, Drake tendit une main, voulant saisir le pichet d'eau qui se trouvait habituellement sur toutes les tables d'un restaurant normalement constitué. Seulement voilà, étant encore complètement désorienté, sa main vint se poser sur le fessier de la serveuse, se prenant ainsi pour réaction une nouvelle gifle. « Nan mais ça va pas non , vous vous prenez pour qui ?! Pauvre type !!! » La seconde de la journée ! A croire que cela devenait une habitude. « A..m..mais..d..désolé, ce n'était pas intentionnel, vraiment ! » Pour une fois qu'il ne l'avait pas cherché ! « J..je voulais juste un peu d'eau » Allez savoir si elle le pris en pitié, ayant certainement l'impression de faire face à un gamin pris en faute, mais elle s'adoucit, l'excusant et repartant en cuisine afin de transmettre leur commande. « Cette fille ne manque pas de caractère, je devrais peut-être l'épouser ! » Il plaisantait bien sûr, allant même jusqu'à rire de propre ânerie.. Et oui, Drake et l'engagement...deux concepts -oui oui Drake en est un à lui tout seul - qui n'était clairement pas compatibles. D'ailleurs, beaucoup de personnes s'interrogeaient sur sa sexualité, Drake étant connu pour ces 'one shot' et l'inexistence de relations sérieuses. Aujourd'hui, il ne comptait plus les rumeurs qui évoquaient sa prétendue homosexualité refoulée. Fort heureusement Caldwell s'en fichait bien, ne prêtant aucunement attention à ce que l'on pouvait penser de lui. « Et toi sinon ? Qu'est-ce que tu me racontes de beau ? »