Retour au point de départ. [ABEL]

Roule, roule. Tournoie sans t’arrêter. Fluide et pure. Tu roules. Abel regardait d’un air absent la balle que lui renvoyait son chaton. Il était allongé par terre sur le tapis du petit salon et son chat se trouvait face à lui, près de l’entrée. Ils jouaient depuis un petit moment à la balle. A vrai dire ce jour-là le jeune homme n’avait pas grand-chose à faire d’autre et participer à l’épanouissement de son compagnon était une bonne chose. Il s’était donc employé à lui faire sa toilette et à le faire jouer. C’était ainsi qu’il s’était retrouvé allongé entrain de jouer à la balle. Son colocataire n’en était pas rassasié et lorsque le français lui renvoya une énième fois la boule celui sursauta encore, et ensuite la fit rouler puis d’un petit coup de tête la renvoya vers Abel. Il la rattrapa mais cette-fois ne l’envoya pas vers son chat. Celui-ci pencha la tête puis couru vers lui. Il lui sauta dessus et sûrement sans le faire exprès il griffa Abel à la joue gauche. Une belle entaille qui ne manqua pas de lui tirer une grimace. Il se passa machinalement une main vers la douleur et vit le sang sur ses doigts. Yang s’était déjà réfugié sous le canapé, ne sortant que la tête, pleinement conscient de ce qu’il venait de faire. Abel sourit.

« Petit monstre ! T’en fais pas je survivrais. » il lui fit un clin d’œil et se redressa.
Il se dirigea vers la salle de bain et farfouilla dans l’armoire à pharmacie qui se trouvait à côté du lavabo. Il en sortit du désinfectant et des tout petits pansements qui servaient à maintenir les plaies. Le jeune homme regarda la blessure à travers le miroir et se dit qu’il devrait tailler les griffes de ce chat très vite. C’était une belle griffure qui devait faire huit centimètres de long. Elle n’était heureusement ni très large ni très profonde et d’ici une semaine il n’y paraîtra plus. Il s’appliqua à désinfecter la plaie puis apposa une crème réparatrice et enfin de fines bandes en travers de la blessure. Abel entendit son téléphone portable et rangea ce qu’il avait sortit avant de regagner le salon. Il choppa son portable posé sur le canapé et y lu un message. C’était une amie qui lui demandait s’il voulait bien passer sur le campus pour qu’ils se voient un peu. Il n’hésita pas, de toute façon il n’avait pas grand-chose à faire. Il répondit qu’il viendrait au plus vite ; l’après-midi allait presque toucher à sa fin. Il alla donc sous la douche et se lava en prenant soin de ne pas mouiller la plaie. Une douceur odeur de fleurs de Provence flottait dans l’air lorsqu’il eu fini de se doucher. Il fila en serviette dans sa chambre après s’être séché et choisit ses vêtements. Il enfila une chemise gris clair, un gilet noir par-dessus, un jan gris et des chaussures noires. Il se coiffa tant bien que mal et après avoir rassemblé clés et papiers et disposé nourriture et eau pour le petit assassin Abel claqua la porte.

Il se rendit à pieds à l’université. Il n’y avait après tout qu’un quart d’heure de marche et il y fut très vite. Le campus se révéla un peu désert en ce dimanche et puis surtout le temps frais ne donnait franchement pas envie de faire un pique-nique. Le jeune homme traversa donc ce campus avant d’arriver près des dortoirs. Il y avait ceux des différentes fraternités et ceux des simples étudiants. Personnellement il n’appréciait pas le système des confréries et ceux et celles qui y étaient n’arrangeaient pas les préjugés. M’enfin bon, divers escaliers et couloirs permettaient d’accéder aux uns et aux autres et il en prit un pour aller voir son amie. Ils passèrent un bon moment ensemble, se donnant les dernières nouvelles, spoliant sur quelques séries, écoutant leur dernières trouvailles musicales et se disant qu’ils devaient se voir un peu plus souvent. Mais ils étaient tous deux tombés d’accord pour dire que la montagne de dossiers qu’ils avaient à traiter et leurs boulots rendaient l’exercice difficile. Il pris congé lorsque l’après-midi prenait fin et traversa divers couloirs. Abel avait un sens de l’orientation un peu spécial. Le commença à être blasé après avoir fait quelques couloirs et quelques angles sans retrouver escaliers ni ascenseurs . Il trouva ce dernier en premier. Mais il fallait dire qu’il n’était pas forcément ravi. D’une part il préférait dévaler ou monter les escaliers car mine de rien cela faisait faire du sport, et d’autre part parce qu’en cette période les ascenseurs ne semblaient pas tolérer sa présence. Mais bon il ne voulait pas tourner comme un débile plus longtemps là dedans et y pénétra non sans une légère appréhension. L’intérieur était cosy comme les bâtiments de l’université. L’engin s’arrêta à l’étage en-dessous, signe que quelqu’un allait monter. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant Aiden. Mais cela semblait réciproque. Le Delta lui lança un bonjour comme qui dirait un peu forcé. Abel ferma les yeux et s’empêcha de lui balancer quelque chose d’un peu plus corsé. Il rappuya sur le bouton qui menait au rez-de-chaussée.

« Salut Aiden. Ca va plutôt bien. Et toi ? » demanda t-il par pure et feinte politesse. Il fallait dire qu’il avait voulu l’aider après ce qui s’était passé dans ce même ascenseur, mais le jeune homme n’avait au final fait que l’éviter. Jusqu’à aujourd’hui. Pas étonnant qu’il soit gêné. Et puis, il fallait noter qu’il faisait partie d’une confrérie. Mais ce qui choquait Abel c’était cette prétention et ce manque de reconnaissance qui était apparemment bien la marque des confréries. Il se tourna à peine vers lui mais le regarda en coin.

« Hum… Bon dimanche ? » lâcha le français. Abel ne savait même pas pourquoi cette phrase était sorti. Il n’avait plus envie de lui parler. Et pourtant. Quelque chose le poussait à le faire. Il soupira. D’agacement.